cit., t. I. Pierre-Henri Simon, L’Homme en procès. C’est l’horreur. DUREE : 1h33 Elle part de la conscience prise de l’absurde — qu’elle partage avec Malraux et Camus — et ne recule pas devant les conséquences d’un tel parti pris qui implique, comme l’écrit très souvent Saint-Exupéry, qu’« il n’y a point de vérité » (OCII, 468). C’est là que le récit révèle sa carte maîtresse : faire en sorte que cette voix off perde peu à peu tout sens et toute logique, quitte à ce que le montage séquentiel se mette à évoquer des terminaisons nerveuses que l’on déconnecte de façon alternative – voir comment plusieurs voix off se chevauchent lors d’une scène-choc hallucinatoire au final. il y a 14 ans | 5.6K vues. C’est toujours les riches qui ont raison, et c’est toujours les pauvres qui trinquent ». Ce pays que le personnage du boucher décrivait, dans l’extraordinaire bande-annonce du film, comme « un gros camembert qui pue, avec plein d’asticots qui grouillent à l’intérieur ». Grief and loss become the basis of ethics and aesthetics in the context of a civilization under threat of nihilism. Chacun est seul responsable de tous » ( OCII, 213). C’est pourquoi une telle expérience exige la nuit pour parvenir à son régime radical, l’obscurcissement généralisé au sein duquel se perdent tous les repères, et que l’on navigue dans une épaisseur opaque entre deux miroirs presque éteints, la terre réfléchissant enfin le ciel, avec quelques clartés apparaissant au sol qui prennent pour l’oeil l’apparence paradoxale des étoiles brillant vaguement dans le bleu et l’encre du firmament. Être homme, c’est précisément être responsable. Suspendu entre la force et l’amour, on le voit, de Vol de nuit à Terre des hommes, passer d’un humanisme héroïque à un humanisme plus simplement humain, où le service des autres, l’instinct fraternel, le progrès, le bonheur de la foule orientent l’activité de l’homme supérieur[4]. La morale de Kant se lit principalement dans deux ouvrages majeurs : – La Métaphysique des Mœurs – La Critique de la raison pratique Kant cherche, après la critique de la raison pure, à fonder une science a priori de la conduite et de la morale, répondant ainsi à la question : Que dois-je faire ?. Car le sacrifice de l’amour est essentiellement épreuve de l’impossible possession. Si bien que, s’il ne fut ni fasciste ni pétainiste et qu’il compte même au nombre des rares écrivains authentiquement démocrates que l’on puisse fournir en exemple, il est exact également que Saint-Exupéry s’est trouvé deux fois un peu compromis avec ce que l’idéologie de son temps a produit de pire. Sans parler du fait que le format inhabituel du film (du Super 16 gonflé en 35mm anamorphique et projeté en Scope) écrase les perspectives et renforce durablement le sentiment d’oppression qui anime le boucher. La démarche de Saint-Exupéry est strictement comparable et tourne dans un cercle semblable qu’elle tente également de briser. ORIGINE : France Le rapport avec le film de Scorsese est d’ailleurs évident, aussi bien dans l’usage de la voix off que dans certaines scènes qui passeraient presque pour des hommages (Philippe Nahon qui braque son flingue sur son reflet dans le miroir). Son cerveau lui ordonne de se venger. Signaler. Le mot "morale" n'a pas bonne renommée. Pourtant, il paraîtrait que le plus grand des philosophes allemands, celui de la tête duquel la sagesse du siècle dernier est sortie tout armée et qui prétendait en finir purement et simplement avec la métaphysique, ait eu pour livre préféré l’ouvrage d’un romancier français désormais si démodé qu’on ne le considère plus bon qu’à faire lire aux enfants. La restriction d’accès aux articles les plus récents des revues sous abonnement a été rétablie le 12 janvier 2021. Antoine de Saint-Exupéry, op. Malraux, Sartre, Camus, Saint-Exupéry, Paris, Payot, coll. L’épreuve de l’Histoire fait du nihilisme davantage qu’un objet un peu abstrait de spéculation intellectuelle pour donner à celui-ci une consistance spectaculaire qui soit à la mesure du choc collectif et individuel éprouvé. Du côté des sentiments, ce n’est pas mieux : il a été contraint d’abandonner son adolescente de fille (envers laquelle il était jadis pris de pulsions incestueuses), et le voilà vivant dans la banlieue lilloise avec une femme enceinte qu’il déteste et la mère de celle-ci qu’il hait encore plus. Seul contre tous , film français , réalisé par Gaspard Noé en 1999, est une pépite : Il montre avec franchise le dégout que peut inspirer la vie . courte-focale.fr/cin…. Vos yeux et vos oreilles s’en souviendront toujours. De Terre des hommes et Vol de nuit à ses derniers écrits (parmi lesquels Le Petit Prince et le roman inachevé Citadelle), Saint-Exupéry met l’accent sur le concept-clé de « responsabilité » pour tenter de penser l’essence vraie de la condition humaine et de la création littéraire, le deuil et la perte devenant les bases d’une éthique et d’une esthétique dans le contexte d’une civilisation sous la menace du nihilisme. Le raisonnement n’est pas fondamentalement différent de celui auquel s’en remettra Sartre dans L’existentialisme est un humanisme et il n’échappe pas aux mêmes objections dans la mesure où il interdit qu’on discrimine entre le bien et le mal dès lors que l’individu invente authentiquement et pour lui-même la vérité singulière et impartageable à l’aune de laquelle son existence demandera à être jugée. Son ventre lui crie de se nourrir. Responsable un peu du destin des hommes, dans la mesure de son travail. twitter.com/9emeArt/…, #Redif Red Dead Redemption 2 frustrant, laborieux ? Oui, l’expérience est celle d’un monde rendu au chaos d’avant la division du haut et du bas, du visible et de l’invisible, avant le partage des éléments. Elle ne se trouve gagée sur aucune caution transcendante : ni Dieu, ni l’Homme ni aucun des simulacres qu’on leur substitue d’ordinaire et pas même l’Être lui-même. Plus d'informations, Un article de la revue Face à des faubourgs ouvriers touchés par la crise, des usines qui activent la compression de personnel, des promesses non tenues par les dirigeants et des populations immigrées qui s’installent, c’est une idéologie rance et intolérante qui sort soudain de sa torpeur pour s’activer insidieusement chez tout un chacun – la scène de l’arabe rejeté par un barman xénophobe est à ce titre édifiante. Autour de lui, c’est le néant. Dehors, c’est la sinistrose qui dicte sa loi. Le pilotage est corps à corps avec le monde, appréhension physique de celui-ci par lequel l’aviateur fait essentiellement l’expérience d’une déconstruction de toutes les formes de la réalité, d’une catastrophe cosmique : « Tout se décompose, et l’on glisse dans un délabrement universel […] » (OCI, 192). Et la mère au visage craquelé en qui le deuil, en prenant sens, s’est fait sourire, vit du souvenir de l’enfant mort. Cette question, si elle est sans doute de tous les temps, lisible déjà dans la déploration tragique ou dans le drame de la déréliction, un grand romancier du xixe siècle lui donne toute sa dimension. Repartir à zéro. Mais à quoi bon une telle emphase, mobilisant les vieux mots de l’arrogante littérature et de la prétentieuse philosophie, quand ceux du conte le plus enfantin disent autant et même davantage ? SCENARIO : Gaspar Noé Les carnets de Saint-Exupéry abondent en notations en ce sens. Pourquoi ? Veilleur de nuit dans un hôpital ? Elle relève donc bien d’une éthique de l’expérience — si « l’éthique » est, comme le dit le dictionnaire, « l’art de diriger la conduite » et si « l’expérience », au sens que Georges Bataille donne à ce mot, signifie bien l’accès souverain à cet « impossible » où s’éprouve le défaut du divin. Mais, que voulez-vous, il y a Saint-Exupéry aussi. Il faut que l’objet aimé se dérobe dans le mouvement même où il s’offre pour que se révèle le mystère même par lequel tout se met à converser enfin dans le vide rendu soudainement dense des phénomènes. On ne vie que pour son bout de steak . La question reste ouverte à l’intention de tous les chercheurs qui souhaiteraient interpréter la minuscule fable composée par Saint-Exupéry à la lumière des concepts majuscules construits par Heidegger. Kant et la bonne volonté : La pureté des intentions Cela, Citadelle l’exprime aussi dans l’emphase propre de sa langue : Car là est le mystère qu’il m’a été donné d’entendre. Et puis je vais te faire un cadeau… […] Quand tu regarderas le ciel, la nuit, puisque j’habiterais dans l’une d’elles, puisque je rirais dans l’une d’elles, alors ce sera pour toi comme si riaient toutes les étoiles. Survivre, seul contre tous…. Pourtant, ces étoiles rient. Strasbourg Manif pour tous : contre la morale de la loi bioéthique . Or la difficulté théorique est grande à construire une telle morale lorsqu’on le fait sur la base d’une pensée qui a d’abord pris acte de l’évanouissement de toutes les valeurs qui pourraient donner à celle-ci un contenu positif. Mon étoile, ça sera pour toi une des étoiles. Ou plutôt, ce sur quoi elle repose est très exactement le réel qui est le rien, qui n’existe qu’à proportion qu’il manque, qui donc n’est pas le divin mais son défaut, non pas l’objet aimé — sinon en ceci qu’il est interdit —, finalement : ce vertige au sein duquel désir et deuil s’appellent et se nouent extatiquement l’un à l’autre afin que dans l’épreuve du rien, tout nous soit malgré tout rendu. Un homme face au reste de la société. 3 en parlent. Peu à peu, il se replie sur lui-même. 1 en parlent. “Each by himself is responsible for all” writes Saint-Exupéry in Flight to Arras. Suivre. Si, comme le veut Sartre — encore que la phrase ait pour lui une signification différente —, « toute technique renvoie à une métaphysique », la technique aéronautique est, pour Saint-Exupéry, le lieu d’une perception proprement métaphysique du monde. C’est sentir, en posant sa pierre, que l’on contribue à bâtir le monde. Sans un sou et avec pour seul compagnon un revolver chargé de trois balles, il ne voit plus clairement quel est le moteur de sa vie. La philosophie pratique englobe ainsi aussi bien la philosophie morale que la philosophie politique ou la philosophie du droit. Mais la morale du Petit Prince — morale particulièrement douce et amère à la fois, qui désarme et bouleverse toute lecture — va plus loin. Et cette fois, outre qu’elle donne l’impression de regagner régressivement le lit d’une foi d’enfance, l’oeuvre de Saint-Exupéry n’échappe pas non plus à une autre rhétorique d’époque, à laquelle on sait que la débâcle de mai 1940 a donné une très pernicieuse consistance politique, rhétorique qui lit l’Histoire en termes doloristes, pénitentiels et en appelle à la nécessité d’une expiation collective, autant dire d’une révolution nationale. Elle s’exprime un peu partout, mais d’abord dans Terre des hommes où Saint-Exupéry évoque l’aventure de Guillaumet, perdu avec son appareil parmi les Andes, survivant contre toute vraisemblance, accomplissant ce qu’aucune bête n’aurait fait : Sa grandeur c’est de se sentir responsable. La morale en négatif que nous propose Richard Millet —exhiber ... l'illusion d'être le seul à détenir ce que tout le monde a … Le long de plans fixes ou de travellings latéraux, on le voit donc arpenter des rues vides et longer des murs couverts de tags, le plus souvent en ligne droite, d’une chambre d’hôtel sinistre à une autre, d’un bar miteux à un autre, d’une rencontre à une autre. La thèse est pourtant indéfendable sauf à consentir à ce que chaque conscience s’accomplisse solitairement par l’affirmation exclusive de sa propre singularité. Seul contre tous. Cela changerait un peu, en tout cas, de toute la prolixe et assez indigente prose de catéchisme à laquelle se limite, à part quelques exceptions, la littérature critique consacrée à l’auteur du Petit Prince. Claude Gauvreau, Gilles Lapointe et Johanne Tremblay, RIS Il tient dans ses mains leur peine ou leur joie. Sous le titre d’Allaphbed, les éditions Cécile Defaut (Paris/Nantes, 2004-2008) publient la série de ses textes critiques les plus récents. Prolonger son « insurrection ». Elle étend, elle élargit à l’univers tout entier la relation ainsi établie. En cela, la « réalité » décrite par le film est un curieux paradoxe : tout semble déformé mais authentique, à la lisière du naturel et de l’intemporel. Radicale à l’extrême, la mise en scène réussit ici à faire se frictionner un naturalisme glauquissime et une stylisation assez inhabituelle des décors de la France des années 80. Cette morale de la responsabilité, on en trouve donc des fragments épars et contradictoires dans tous les textes de Saint-Exupéry. […] Nous sommes quelques-uns à veiller sur les hommes, auxquels les étoiles doivent leur réponse » (OCII, 449). Avec, au bout du compte, une haine si tenace qu’elle ne peut qu’engendrer une pensée confuse, faussée, désincarnée. Philippe Forest est professeur de littérature à l’Université de Nantes. Telle est la définition même de la responsabilité (« Tu deviens pour toujours responsable de ce que tu as apprivoisé » [OCII, 300]). Contemporain; Critique littéraire; Culture ... des idées qui prévaudraient sur d'autres grâce aux valeurs qu'elles déploieraient. Installez-vous. Elle ne concerne pas seulement le lien de soi à autrui qu’établit l’amour. Bien que reconnaissant toute l’importance de son oeuvre, et en ayant fait l’effort assez admirable d’en avoir lu l’essentiel, on peut ne s’intéresser que médiocrement à Heidegger (c’est mon cas), mais considérer tout à coup avec une sympathie nouvelle l’auteur de Sein und Zeit (c’est mon cas également) dès lors que l’on apprend que celui-ci plaçait Le Petit Prince[1] au-dessus de toute la littérature de son temps. Cela s’entend également au sens de l’érotique — quand Proust, par exemple, parle de l’acte de possession physique dans lequel on ne possède jamais rien. A l’intérieur de lui, c’est le chaos. Avec, d’un autre côté, et s’affirmant cette fois dans Pilote de guerre, une pensée revendiquant au contraire tout l’héritage du christianisme et conduisant à un credo dont les maîtres mots sont sacrifice et charité : « Ma civilisation, héritière de Dieu, a fait chacun responsable de tous les hommes, et tous les hommes responsables de chacun » (OCII, 219). Sortir de cette solitude suppose, selon la célèbre leçon prodiguée au Prince par le Renard, qu’on apprivoise autrui, c’est-à-dire que l’on crée des liens avec lui. Découvrez la bande annonce et plus d'informations. Seuls contre tous, puisque l’un fait aussi peur que l’autre. Seul contre tous, ou Commotion au Québec (Concussion) est un film américain écrit et réalisé par Peter Landesman, sorti en 2015 Synopsis. Alors que son tempérament d’architecte le pousse vers une morale seigneuriale de la qualité, qui menace la dignité de l’infirme et de l’infime, un coeur de générosité, de bienveillance et de pitié ne cesse de battre dans sa poitrine. La valeur morale ne se déduit pas d’une vérité qui n’existe pas. EndNote, Papers, Reference Manager, RefWorks, Zotero, ENW Seul contre tous Au mépris de la société Rousseau, Rêveries du promeneur solitaire (incipit 1ère rêverie) Molière, Le Misanthrope (refus de la comédie sociale I, 1) Rebelles, visionnaires, révolutionnaires, résistants Beaumarchais, Le Mariage de Figaro (V, 3) Il s’agit bien sûr de Dostoïevski. Presque le représentant d’une chair triste en général destinée à servir les idéologies du moment, et qui, de facto, se révolte contre sa condition sociale et (sa vision de) l’injustice, parfois dans un geste irréfléchi ou inconscient. Et Saint-Exupéry le sait bien. Notre avis sur le biopic "Seul contre Tous" de Peter Landesman, le 09 mars au cinéma. C’est trop petit chez moi pour que je te montre où se trouve la mienne. A la question de savoir comment l’humain se retrouve embarqué dans un tel mouvement de haine généralisée, aussi bien envers ses proches qu’envers l’Autre, Seul contre tous apporte une réponse plus que dérangeante, au point de sembler encore plus actuel aujourd’hui qu’il y a vingt ans. On fait apprendre les fables de La Fontaine à tous les enfants, et il n’y en a pas un seul qui les entende. Comme celles de tous ces grands écrivains auxquels l’histoire littéraire accorde désormais davantage de crédit, l’oeuvre de Saint-Exupéry travaille à prendre en charge la monumentale question du nihilisme. On doit souhaiter que quelqu’un vienne et nous l’explique. Je me garderais bien de suggérer, naturellement, que vienne de là la prédilection marquée par l’auteur de Sein und Zeit pour celui du Petit Prince. Un mouton, une rose et un renard, un serpent et quelques baobabs ont peut-être leur mot à dire quant à l’interprétation juste du Dasein. Retrouver sa fille. Le propos qui suit n’a pas une telle ambition. ... Dans le miroir assombri d’une société déliquescente se délite la morale.Errance solitaire et désintégration psychique d’un cœur saignant. Pour consulter ces articles, vous pouvez notamment passer par le portail de ressources numériques de l’une des 1 200 institutions partenaires ou abonnées d’Érudit. On voudrait que Le Petit Prince soit un conte édifiant conforme à la loi commune du « happy end ». Une façon comme une autre de mieux faire avaler la pilule sur le sens moral broyé de cet individu, et de prendre du recul vis-à-vis d’une telle machine à mouliner en boucle du noir et du désespoir. Lorsque le réalisateur Jan Kounen parlait de Seul contre tous comme d’une « pub vivante pour la méditation », on ne pouvait clairement pas lui donner tort. A la question de savoir comment l’humain se retrouve embarqué dans un tel mouvement de haine généralisée, aussi bien envers ses proches qu’envers l’Autre, Seul contre tous apporte une réponse plus que dérangeante, au point de sembler encore plus actuel aujourd’hui qu’il y a vingt ans. Si elle est sue depuis longtemps, la nouvelle demande bien sûr à ne pas être ébruitée car elle plongerait aussitôt dans la plus complète consternation tout ce qui, à Paris et ailleurs, fait profession de penser. Cinéaste sans être philosophe, Gaspar Noé s’interdit ici tout jugement sur cette pensée haineuse, de même qu’il empêche toute attitude plaintive vis-à-vis de ce personnage autour duquel le vide ne cesse de grandir. Il ne lui faut pas seulement témoigner passivement, extatiquement de l’impossible, mais vouloir également que sa parole parle en faveur et aux côtés de toute expérience qui agisse dans le monde selon l’impossible leçon du vrai, de telle sorte qu’existe cette communauté dont Citadelle dit : « Il en était quelques-uns semblables à des sentinelles, face à la nuit comme face à la mer. On naît seul, on vit seul,on meurt seul. Mais puisque son histoire est aussi une fable de désir et de deuil, il n’y a rien là d’étonnant au fond. Il vise simplement à prendre un peu au sérieux Saint-Exupéry et à aller chercher dans son oeuvre de quoi réfléchir à nouveau la très vieille question des relations entre éthique et esthétique, en ne considérant plus que ces deux domaines sont tout à fait étrangers l’un à l’autre, mais qu’au contraire, ils relèvent d’une même et exclusive méditation sur l’énigme de la responsabilité. L’illusion est maintenue par son entourage : sa «mère», sa «femme» ou son «meilleur ami», tous acteurs, conspirent contre Truman. Mais, en fondant cette communauté des hommes dans le monde, nous eussions sauvé le monde et nous-mêmes. Bien sûr, c’est une anagramme de Carne (moyen-métrage électrochoc tourné par Noé en 1991, et dont Seul contre tous est la suite directe), mais c’est aussi et surtout une partie du mot « France ». On naît seul, on vit seul,on meurt seul. L’Histoire ne le dit pas. Comme chez Malraux ou Camus, le dialogue que Saint-Exupéry entretient avec lui-même et où s’affrontent l’héroïsme démiurgique du surhomme et la parole réconciliatrice du chrétien est celui-là même dans lequel s’opposent les personnages des Possédés ou ceux des Frères Karamazov. Je vous re…. Dans ces moments-là, Noé interpelle le spectateur, joue avec sa perception de l’instant présent, anticipe son approche d’un contexte pour mieux en proposer la déviation, et taille déjà dans la chronologie de son récit par l’ajout de ces quelques ruptures stylistiques, évidemment mentales. C’est pourtant dans la mélancolie du propos que gît sa vérité. Film Drame : Le docteur Bennet Omalu, un neuropathologiste de médecine légale, a mené un combat digne de David contre Goliath : il fut le premier à … GENRE : Drame With Philippe Nahon, Blandine Lenoir, Frankie Pain, Martine Audrain. Oui, mais : courte-focale.fr/jeu… #jeuxvidéo, [Critique] Dans la famille Cronenberg, je demande le fils. Une telle dualité — qui place le propos de Saint-Exupéry sous le signe de deux exigences morales inconciliables —, un critique d’autrefois très injustement oublié — il s’agit de Pierre-Henri Simon — la repère avec une grande perspicacité, écrivant : Heureusement, Saint-Exupéry sera sauvé, là encore, par les contradictions de sa nature. Pas de temps à perdre pour rentrer dans le vif du sujet. Il fallait un romancier français pour que nous comprenions qu’elles ne sont qu’une et que la morale n’est rien d’autre que la fidélité en nous qui nous lie, malgré tout, à la clarté lointaine où se réfléchit à l’infini l’expérience de notre affection la plus vraie, par laquelle nous nous trouvons unis à tout. Aide-moi à explorer la profondeur de mon être, à m’examiner et me connaître en vérité. Nous avons failli à cette tâche. Il y a eu Héraclite, Parménide, Hölderlin, Nietzsche, et puis Junger ou Char. Rohff Seul Contre Tous. PRODUCTION : Canal+, Les Cinémas de la Zone, Love Streams Productions ». À la fin du conte, le petit prince disparaît de son plein gré — il se retire, s’évanouit, en un sens : il se tue — afin que par sa disparition même, tout l’univers soit rendu à autrui et qu’il ne soit plus rien dont nous ne nous sentions irrémédiablement responsables. Ce sont encore là direz-vous des paradoxes. Seul contre tous 16 mai 1998 ... Sans un sou et avec pour seul compagnon un revolver chargé de trois balles, il ne voit plus clairement quel est le moteur de sa vie. C’est être fier d’une victoire que les camarades ont remportée. Chacun est seul responsable de tous » (OCII, 213). Enfin de bonnes nouvelles ! 2:10. Elle suppose, pour parler avec les mots d’Heidegger, la conscience prise du retrait du divin, et la nécessité découverte, en temps de détresse, pour le poète, de chanter la trace des dieux enfuis. PHOTOGRAPHIE : Dominique Colin Ne laisse pas mon moral s’effondrer. Car une telle conversion n’eut jamais lieu. Seul, toujours seul. Et cela changerait aussi de l’assez hautaine et ésotérique glose qui considère qu’il lui incombe d’ajouter cérémonieusement de l’obscur à l’obscur dès lors qu’il s’agit du penseur de Sein und Zeit. D’un côté, et s’exprimant particulièrement dans Vol de nuit[3], une pensée marquée au sceau d’un nietzschéisme de convention tel que celui-ci dominait souvent les esprits d’alors et qui investit, avec Saint-Exupéry, la mythologie naissante de l’aéronautique pour faire du pilote la figure même du surhomme, affranchi de toute soumission à la morale commune, forgeant souverainement ses valeurs par l’affirmation propre d’une pure « volonté de puissance » qui le situe au-dessus, à tous les sens, de l’humanité ordinaire. L’épitaphe que laissa un autre philosophe allemand et qui figure, paraît-il, sur sa tombe, dit que deux choses seulement existent qui méritent notre admiration : la loi morale à nos côtés, et au-dessus de nous le ciel étoilé. Spécialiste des avant-gardes (du surréalisme au structuralisme), il est également l’auteur de plusieurs romans et essais parus aux éditions Gallimard parmi lesquels L’enfant éternel (Paris, Gallimard, coll. Lorsque le soir tombe, une vraie phénoménologie de l’univers se révèle, qui en manifeste l’unité à mesure que le noir s’approprie toutes les choses vivantes et les rend à leur vérité : « Cette mort du monde se fait lentement.