En effet, elle apparaît dès le départ comme un personnage. Nous allons étudier un extrait de Dom Juan de Molière, tiré de la scène 2 de l ’ acte II, en date de 1665. Don avec un « n » est le titre donné aux nobles en Espagne. Dom Juan, ou le Festin de Pierre (1665). Dom Juan est un seigneur libertin qui vient d’abandonner sa dernière épouse, Elvire, qu’il avait enlevé d’un couvent. Pour K. A. Blüher, la pièce s'apparente à la comédie baroque par l'emploi des machines et le non-respect des règles du théâtre classique[142]. Selon François Rey, ce titre de « Troupe du Roi », qui apparaît ici pour la première fois dans la documentation, et le caractère erroné de l'entrée du 14 août 1665 dans le Registre de La Grange[ad], indiquent clairement que la « Troupe de Monsieur » est devenue « La Troupe du Roi au Palais-Royal » dès le 14 juin et que cette décision royale apparaît ainsi étroitement liée à la polémique autour du Festin de Pierre[41]. » (« Je te le donne pour l'amour de l'humanité, pour l'amour, dis-je, de la misère dans laquelle je te vois, et pour nulle autre considération »). Le public parisien découvre l'histoire de Don Juan avec le spectacle donné par les Italiens en 1657 ou 1658, dont l'existence n'est connue que par la référence qu'y fera Villiers dans l'épître dédicatoire[g] et l'avis au lecteur[h] de son propre Festin de Pierre. Robert Horville parle ainsi d'une « convergence d'influences »[141], où se mêlent tragi-comédie (spécifiques du genre : les références aux duels et au père bafoué), farce, comédie burlesque, comédie sérieuse, etc. Dans cet article nous vous offrons un résumé, scène par scène, de Dom Juan de Molière. Antoine Adam souligne sa lâcheté de corps et d'esprit et dresse de lui un portrait sans pitié[122]: « Prodigieuse création, tout en dessous et en retour, où le clin d’œil corrige la valeur des paroles, où le ricanement vient démentir et bafouer les phrases édifiantes, figure de coquin et d'imbécile tout ensemble, qui déshonore la vertu par ses moqueries et la religion plus encore par sa stupidité. La personnalité de ce lecteur n’est pas indifférente : Henri Justel, érudit de confession protestante, est une importante figure du Paris intellectuel et savant des années 1660-1670[ag]. D'autres abondent dans ce sens, en soulignant les nombreuses ruptures de ton, et en montrant que les personnages semblent ne pas se prendre au sérieux et présentent des aspects contradictoires[144]. Rien n'indique que le Festin de Villiers ait été repris entre 1660 et 1665. Dom Juan ordonne à Sganarelle de le convier à dîner. La conversation porte sur la romance entre Done Elvire et Dom Juan. Dom Juan en « habit de campagne »[be] et Sganarelle travesti en médecin, cheminent en causant médecine et religion. Elle se présente comme l'œuvre d'un « sieur de Rochemont », dont l'identité réelle demeure aujourd'hui encore mystérieuse. L'observation, plus l'imagination, plus l'intuition, donne Shakespeare. Depuis sept ans, le public parisien a pu voir trois spectacles portant ce titre : une comédie donnée au cours de l'année 1657 ou au début de la suivante par la Troupe italienne du Roi sur la scène du Petit-Bourbon à Paris, et deux tragicomédies en vers, l'une de Nicolas Drouin, dit Dorimond, chef de la troupe de la Grande Mademoiselle, créée à Lyon en novembre ou décembre 1658, l'autre de Claude Deschamps, dit De Villiers, comédien de la Troupe royale de l'Hôtel de Bourgogne, créée en août 1659. Commensal du prince de Condé, cicérone de Christian Huygens lors de son séjour à Paris, correspondant de John Locke et de G.W. Au reste, Antoine Offray, le libraire lyonnais qui a publié la pièce en janvier 1659, l'a rééditée ou réimprimée en 1661, et l'on ne voit pas qu'une édition parisienne ait été publiée la même année par les quatre libraires bénéficiaires du nouveau privilège. » D'autre part, la formule « grand seigneur méchant homme » apparaît comme un oxymore bien venu, puisque par « nature » un grand seigneur est ou se doit d'être un « gentil-homme », contrairement au « bourgeois », qui, à vouloir jouer les gentilshommes, ne saurait que se rendre ridicule. Dom Juan ou le festin de Pierre est une tragi-comédie écrite en 1665 par Molière, inspirée du mythe créé par l’Espagnol Tirso de Molina. Au terme de son éloge du tabac, Sganarelle revient à l'entretien qu'il avait avec Gusman, écuyer de done Elvire, dont la maîtresse s'inquiète du départ précipité de son époux. Les esprits avertis y reconnaissent une variante de l'argument lucrétien du vin (De natura rerum, III, 476-486), que Molière avait déjà évoqué dans Le Cocu imaginaire (scène VII)[92]. La statue du Commandeur produit un effet d'épouvante qu'on n'a pas surpassé au théâtre… Aucune tragédie n'arrive à cette intensité d'effroi… Don Juan, tel que l'a compris Molière, est encore plus athée que libertin… et, pour comble d'horreur, [il] jette un instant sur son riche habit de satin le manteau noir de Tartuffe ; tout le reste eût pu lui être pardonné, excepté cette parade sacrilège. Et si Le Festin de Pierre avait été créé environ cette date, il aurait eu lui aussi vingt-cinq représentations, voire davantage. Une ordonnance du 30 mars 1635 n'autorisait la vente du tabac qu'en pharmacie, sur prescription médicale. Dans les derniers jours de l'année 1666, les libraires Pierre Promé et Louis Billaine (le même qui, en mars 1665, avait obtenu pour l'impression du Festin de Pierre, un privilège dont il n'avait pas fait usage) mettent en vente, sans nom d'auteur[ai], un Traité de la comédie et des spectacles, selon la tradition de l'Église, tirée des Conciles & des Saints Pères, dû à la plume du prince de Conti. Cependant, il représente une exception, car il n'est pas le valet de la comédie d'intrigue dans la lignée de Scapin, dont l'absence de morale et les fourberies encouragent le maître dans le vice[127] et lui permettent d'obtenir ce qu'il souhaite[128]. Il en parle en poète et en esthète, c'est pour lui un art véritable. Au cours de l'année 1683, le libraire amstellodamois Henri Wetstein, successeur de Daniel Elzevier, met en vente, sous le titre Le Festin de Pierre[as], une « édition nouvelle et toute différente de celle qui a paru jusqu'à présent », précédée d'un avis de l'imprimeur au lecteur : « De toutes les pièces qui ont été publiées sous le nom de M. Molière, aucune ne lui a été contestée que le Festin de Pierre. Texte de la pièce Dom Juan de Molière, oeuvre de Molière. Soulignant le caractère d'unicité du réquisitoire de Rochemont, François Rey soutient que le spectacle du Palais-Royal n'a provoqué aucun véritable scandale[z] et que les spectateurs ont trouvé dans ce divertissement de carnaval « un plaisir procuré sans aucun doute par la grande sortie du cinquième acte[aa], mais aussi par les décors, par les machines, par les effets pyrotechniques, par le jeu des comédiens dans certaines scènes de pure virtuosité, linguistique ou physique, comme celles du deuxième acte[34]. Comme il est d'usage, la lecture du texte a été confiée à un secrétaire du roi faisant fonction de censeur. Certains éléments semblent faire du Festin de Pierre une comédie de mœurs : description de nobles, d'un bourgeois, de serviteurs, de paysans et de caractères[145]. On a récemment fait observer que si Molière, qui souhaitait répliquer aux détracteurs de son Tartuffe et le faire devant le plus large auditoire possible, a songé à utiliser cette légende « édifiante », dont ses camarades Italiens (qui jouaient quatre jours par semaine dans la même salle du Palais-Royal) reprenaient leur version presque chaque année à l'occasion du carnaval, c'est que plusieurs d’entre eux (dont Tiberio Fiorilli, dit Scaramouche, et sa femme) étaient partis à l'été 1664 en Italie, et que la voie était libre au Palais-Royal pour un nouveau Festin de Pierre français[11]. Ainsi s'achevait déjà la comédie de Cicognini[153] : « O pover al me Patron, al me salari, è andà a cà del Diavol. Sganarelle l’affirme dans l’autoportrait qu’il fait de son maître (I, 1), Dom Juan le confirme lui-même dans sa tirade (I, 2) où il fait l’éloge de l’inconstance. L'a-t-il fait à la demande ou au moins avec l’accord de l'auteur ? À l’aide, au secours, mon maître est tombé. Développant une suggestion du critique Guy Leclerc, qui ne se disait « pas sûr que Molière ait porté à son Dom Juan l'intérêt passionné que nous lui portons nous-mêmes[50] », François Rey soutient que le Festin de Pierre donné sur la scène du Palais-Royal en février-mars 1665 n'était qu'un spectacle de circonstances, une tribune occasionnelle, un épisode dans la « bataille du Tartuffe », et que la pièce n'était sans doute pas destinée à être publiée, ni à entrer dans le répertoire de la troupe une fois atteint l'objectif que son auteur s'était fixé : « Aujourd'hui, écrit-il, je lis Le Festin de pierre, non comme une pièce écrite par un auteur-acteur conscient d'ajouter cette… pierre à l'édifice d'une œuvre déjà importante […], mais comme l'écho, la trace, le souvenir d'un moment de théâtre unique et voué sans doute à le rester[51]. Dans une lettre écrite le samedi 14 à son père Robert Arnaud d'Andilly et citée par François Rey dans ses Éphémérides de l'année 1665, Nulle part, par exemple, La Grange ne signale ou n'évoque la première interdiction du, Il se trompe d'une semaine en signalant la mort de son camarade, À titre de comparaison, il n'existe qu'un exemplaire de la première édition du, L'éloge paradoxal de l'hypocrisie par Dom Juan, La sincérité de ce prétendu témoignage suscite çà et là quelques réserves. je te donne la libertØ de parler et de me dire tes sentiments. La plupart des moliéristes de la fin du XIXe et du XXe siècle ont estimé que Molière avait dû recevoir de Louis XIV le conseil, sinon l'ordre, de renoncer à sa pièce, comme si, pour pouvoir sauver Le Tartuffe, il fallait sacrifier Le Festin de Pierre. Le spectacle, où se mêlent tous les registres, du comique farcesque au sérieux, voire au tragique, est accueilli avec enthousiasme par le public parisien, mais fait l'objet d’une violente attaque dans les semaines qui suivent les représentations. Les éditeurs et les censeurs, manifestement inspirés par le pamphlet de Rochemont, ont procédé à des coupures qui aboutissent à faire disparaître le crédo mathématique de dom Juan — « Je crois que deux et deux sont quatre […] et que quatre et quatre sont huit » —, son refus de croire au Ciel et à l'enfer, la croyance de Sganarelle au Moine bourru et la demande de jurement faite au pauvre (voir section Paris, 1682)[30]. On impute à l'ascendant que le maître a sur le valet les manquements de ce dernier à sa propre morale[116],[117]. Dom Juan ou Le festin de Pierre est une comédie de Molière, écrite en cinq actes et en prose, représentée pour la première fois le 15 février 1665 au théâtre du Palais-Royal à Paris. D'après leurs dialogues, ils se connaissent et se sont rencontrés récemment. Deux siècles plus tard, Désiré Laverdant qualifie Sganarelle de « grotesque docteur… médisant et traître… lâche et impudent menteur… avare ignoble, égoïste… poltron… idiotement superstitieux »[121]. […] Sous le règne de Louis XIV, Molière n'avait pas le droit de dire sa pensée plus franchement qu'il ne l'a dite, mais aujourd'hui, si Sganarelle demandait à Don Juan : À quoi croyez-vous ? Un dénouement plus heureux, qui montrerait dom Juan repentant et reprenant la vie avec done Elvire, eût été impossible[152]. On prête cependant à Molière d'autres intentions : peut-être a-t-il voulu montrer que l'on peut rire d'un châtiment divin[bj]. Les comédiens italiens l'ont apporté en France, et il a fait tant de bruit chez eux que toutes les troupes en ont voulu régaler le public. Mais à parler de bonne foi, est-ce un raisonnement que deux et deux sont quatre et quatre et quatre sont huit ? », L'historien de la littérature conclut ainsi son analyse de la querelle : « Le fait que la pièce n’ait été ni reprise ni éditée par Molière lui-même semble indiquer qu’il s’est trouvé en danger devant ces critiques[45]. Dom Louis le quitte, éperdu de bonheur ; bonheur partagé par le naïf Sganarelle, que dom Juan s'empresse de détromper, en faisant un long et vibrant éloge de l'hypocrisie. Six ans plus tard, publiant sa pièce sous ses seules initiales[an], Thomas Corneille explique à sa manière ce qui s'est passé, sans préciser qu'Armande Béjart, veuve de Molière, a partagé avec lui les bénéfices de ce travail de réécriture : « Cette pièce, dont les comédiens donnent tous les ans plusieurs représentations, est la même que feu M. de Molière fit jouer en prose peu de temps avant sa mort. Huit ans plus tard, une fois la pièce entrée au répertoire de la Comédie-Française, c'est au tour de Théophile Gautier de manifester son admiration[75]: « Quelle pièce étrange que le Don Juan tel qu'il a été exécuté l'autre soir, et comme on conçoit bien que les classiques n'ait pu la supporter dans son état primitif ! Cependant, comme il ne pouvait rien dire qui ne fût blâmé, l'auteur du Festin de Pierre, par un trait de prudence admirable, a trouvé le moyen de le faire connaître pour ce qu'il est sans le faire raisonner[108] ». Extrait commenté : Dom Juan, Molière (Acte 1 scène 3) DONE ELVIRE, DOM JUAN, SGANARELLE. L’extrait étudié pour ce commentaire est la tirade de Dom Juan: « Quoi ! Il … Shakespeare a l'intuition qui manque à Molière. Ce dernier étant sorti, un « spectre en femme voilée » apparaît, qui engage dom Juan pour la dernière fois à se repentir. ». Mais c’est assez de cette matière[78]. Aiut, soccors, ch' al me Patron è precipità[bi]. Les éditeurs et leurs conseillers (en particulier La Grange) se sont sentis obligés d'amender certains passages du texte considérés comme "délicats" depuis la polémique de 1665 et qui, de fait, correspondent presque tous à ceux que le sieur de Rochemont incriminait dans ses Observations. En 1705, Grimarest confirme dans sa Vie de Molière que la réputation sulfureuse attachée à la pièce ne s'est pas améliorée : « Molière, qui avait accoutumé le public à lui donner souvent des nouveautés, hasarda son Festin de Pierre le 15 de février 1665. « proscription qui, par ménagement pour Molière, resta clandestine[57] »? Du 9 novembre au 4 janvier, la troupe a repris ce spectacle coûteux qu'elle avait créé à Versailles en mai 1664. Dans son adaptation, non seulement le Commandeur n’a pas de nom, mais Elvire n’est pas sa fille, et « le titre reste pour ainsi dire en l’air, comme pour signifier d’emblée l’appartenance de la pièce à une tradition dont l’auteur ne se réclame pas et pour le décharger de ce qu’elle peut avoir d’extravagant »[15]. Une première approche consiste à éclairer la pièce par la scène finale : pour que le châtiment de dom Juan soit justifié, il faut que la personnalité qui se dégage des cinq actes ait suscité l'indignation. Le 12 mai 1664, à Versailles, Molière présente devant la cour une première version, en trois actes, du Tartuffe. Un serviteur entre, qui l'informe que douze hommes à cheval sont à sa recherche. Plus le dedans d'un temple, etc. Malgré l'indéniable succès qu'il a remporté, Le Festin de Pierre n'a pas été repris à la réouverture du théâtre, le 14 avril 1665, et le texte en prose de Molière disparaît des scènes parisiennes pendant 176 ans. Non seulement il réjouit et purge les cerveaux humains, mais encore il instruit les âmes à la vertu, et l’on apprend avec lui à devenir honnête homme. À l’endroit où Rochemont, dénombrant les « crimes dont la pièce est remplie », évoque « un pauvre, à qui l'on donne l'aumône à condition de renier Dieu », une note indique en marge : « En la première représentation. Mais, malgré leurs relations amicales, Sganarelle demeure un inférieur[126] qui doit même risquer sa vie pour son maître[136]. L'ouvrage s'en prend, sans le nommer, à Molière et à deux de ses comédies, L'École des femmes et Le Festin de Pierre : « Y a-t-il une école d'athéisme plus ouverte que le Festin de Pierre, où après avoir fait dire toutes les impiétés les plus horribles à un athée, qui a beaucoup d'esprit, l'auteur confie la cause de Dieu à un valet, à qui il fait dire, pour la soutenir, toutes les impertinences du monde[60]? Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Car bien que l'invention en parût assez de sa façon, on la trouva néanmoins si mal exécutée que plutôt que de la lui attribuer, on aima mieux la faire passer pour une méchante copie de quelqu'un qui l'avait vue représenter, et qui, en ajoutant des lambeaux à sa fantaisie à ce qu'il en avait retenu, en avait formé une pièce à sa mode[at]. La place unique qu’elle occupe, par sa singularité formelle, dans la production de son auteur, la singularité de son histoire, la réputation de modernité et de complexité qui lui est faite par ses exégètes depuis une soixantaine d’années (et dont témoigne une très abondante bibliographie critique), l’importance sans cesse croissante que lui accordent les programmes et manuels scolaires, enfin la grande diversité des mises en scène auxquelles elle a donné lieu depuis sa redécouverte, font de cette comédie de l’incrédulité châtiée un des avatars les plus fascinants du mythe de don Juan. De retour chez lui, il voit le moment de dîner repoussé trois fois de suite par les visites inopinées d’un créancier, de son père et de son épouse à présent retournée à la vie religieuse. Dom Juan veut-il défier le Ciel en invitant le Commandeur ? Dom Juan et Sganarelle forment un couple théâtral[124]. Les derniers éditeurs de Molière dans la collection de la Pléiade affirment de même que la scène du Pauvre a suscité « la fureur des adversaires de Molière[37] ». La légende est passée ensuite (ou peut-être même avant) en Italie, où on la retrouve dans divers scénarios de la commedia dell'arte[3] et où elle a été adaptée en particulier par Giacinto Andrea Cicognini (1606-1650) sous le titre Il Convitato di Pietra, opera esemplare, trois actes en prose[c]. », Dom Juan n’est pas déguisé en paysan ou villageois, contrairement à ce que donnerait à croire la définition du, Le marché de décors indique « une chambre », Le marché de décors spécifie: « Plus une ville consistant en cinq châssis de chaque côté […], un châssis contre la poutre où sera peinte une porte de ville, et deux petits châssis de ville aussi et le fond. En matière religieuse, Justel est un esprit ouvert, voire un sceptique, mais aucunement un libertin[56]. Dom Juan et Sganarelle quittent les lieux en hâte. Ni l'édition hollandaise ni sa version italienne ne semblent avoir circulé en France pendant le XVIIIe siècle ; il n'y est fait allusion nulle part ; Voltaire lui-même ne cite la scène du pauvre que dans la version non cartonnée de l'édition parisienne de 1682[72], ce qui conduit la romaniste américaine Joan DeJean a écrire, non sans quelque exagération, que « l'Europe valorise comme un texte classique une pièce française que les Français de l'époque ne peuvent ni voir ni lire, sauf dans une version gravement édulcorée. ». C'est par crainte qu'il obéit à son maître, comme à son corps défendant. ». ». Ce libelle s'achève sur l'évocation des maux qui risquent de s'abattre sur la France — conformément à la croyance de l'époque[28] — si le roi tolère l'insulte ainsi faite à la religion : « Il ne faut qu'un homme de bien, quand il a la puissance, pour sauver un Royaume ; et il ne faut qu‘un Athée, quand il a la malice, pour le ruiner et pour le perdre. Le festin devient ainsi celui auquel dom Pierre convie son assassin, le festin donné par Pierre[n]. Comment expliquer le choix de ce sujet, certes populaire, mais peu dans la manière de son auteur ? Aux termes du marché passé le 3 décembre 1664, entre les comédiens de la troupe et les deux peintres spécialisés auxquels ils ont fait appel, ces derniers doivent fournir, dans un délai de six semaines, les toiles montées sur châssis qui composaient le "décor" du spectacle.           Qu'un vautour jour et nuit déchirât ses entrailles, » Et ils n'hésitent pas à conclure que la publication du libelle de Rochemont a eu pour effet de supprimer durablement cette pièce du répertoire de la troupe : « On ne se sentit plus libre ni de la représenter, ni de l'imprimer, au moins tant que Molière vécut[36]. D’ailleurs, le succès des comédiens italiens avec cette pièce oblige les troupes française à la représenter également. Dans l'avis «De l'imprimeur au lecteur» placé en tête du volume, le titre, composé dans le même corps que le reste de la page, donne bien la majuscule au mot Pierre. D’autres cours ci-dessous peuvent t’intéresser: Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Rien, dans cet avis, ne donne à penser que Wetstein disposait déjà de l'impression parisienne de 1682[av]. These cookies do not store any personal information. On y voit les dernières trente-six heures de l'existence de Dom Juan Tenorio, grand séducteur, accompagné de son valet Sganarelle, valet peureux. Don Juan aurait quelque chose de mieux à répondre que ceci : Je crois que deux et deux font quatre. www.litteratureaudio.com/livre-audio-gratuit-mp3/moliere-dom-juan.html Le spectacle a été annoncé par voie d'affiches et par l'« orateur » de la troupe (La Grange lui-même depuis le mois de septembre 1664), qui, au début des précédentes représentations, a fait la réclame de la prochaine pièce (la 14e) de l'auteur du Tartuffe interdit.           Pour montrer aux impies à se moquer de Dieu. La plupart des metteurs en scène français contemporains depuis Jean Vilar souscrivent à la thèse d'un dom Juan fondamentalement athée. Certains y voient « une œuvre de dénonciation des scandales libertins à l'intérieur d'une réflexion chrétienne sur la faute et le châtiment », tandis que pour d'autres elle serait « une défense et une illustration du libertinage[158] ». Les auteurs de l'édition Pléiade 2010 font valoir, pour leur part[46], qu'une autre pièce à grand spectacle de Molière, Amphitryon, créée elle aussi avec succès à l'occasion du Carnaval, n'a pas été reprise après le relâche de Pâques : un parallélisme d'autant plus frappant qu'en 1665 la troupe était en mesure de proposer une nouveauté après la réouverture du théâtre (Le Favori, tragicomédie de Marie-Catherine Desjardins, dite de Villedieu[47]), alors qu'en 1668 elle n'avait sous la main aucune nouvelle création et dut se contenter de vivre de reprises, ne remontant finalement Amphitryon qu'à l'extrême fin du mois de juin. Où l'on voit la réponse au Theologien qui la deffend, avec l'Histoire du Theâtre, et les sentimens des Docteurs de l'Eglise depuis le premier siecle jusqu'à present, Suite du Menagiana, ou Bons mots, rencontres agréables, pensées judicieuses et observations curieuses de M. Ménage, de l'Académie françoise, Diversitez curieuses en plusieurs lettres, Bibliothèque des théâtres, contenant le catalogue alphabétique des pièces dramatiques, opéras, parodies et opéras-comiques, et le tems de leurs représentations, Dictionnaire des cas de conscience décidés suivant les principes de la morale, les usages de la discipline ecclésiastique, l'autorité des conciles et des canonistes, et la jurisprudence du royaume, Mémoires pour servir à l'histoire des hommes illustres dans la république des lettres, avec un catalogue raisonné de leurs ouvrages, Mémoires sur la vie et les ouvrages de Molière, Histoire du théâtre françois depuis son origine jusqu'à présent, Dictionnaire portatif, historique et littéraire des théâtres, Reflexions morales, politiques, historiques, et littéraires sur le théâtre, Molière, drame en cinq actes et en prose, imité de Goldoni, Manuel du libraire et de l'amateur de livres, Histoire de la vie et des ouvrages de Molière, Histoire de l'art dramatique en France depuis vingt-cinq ans, Le Festin de pierre avant Molière (Dorimon, De Villiers, Scénario des Italiens, Cicognini), Conférencia, le journal de l'Université des Annales, Le “libertinage” de Molière et la portée de, Théâtre et Idéologie : note sur la dramaturgie de Molière, = http://www.alaintestart.com/doc_textes/article_hom_0439-4216_1981_num_21_1_368163.pdf Don Juan, le joueur de tours.